Toits et murs de Villemomble

Villemomble est une commune de Seine-Saint-Denis plutôt discrète au regard de son illustre voisine Le Raincy avec laquelle elle partage la gare de chemin de fer. Bien que sur son territoire, cette station créée en 1856 sur la ligne Paris-Strasbourg n’en portait à l’origine pas même le nom.
La guerre de 1870, et probablement les événements politiques parisiens qui la suivirent, modifièrent à la fois les esprits et le territoire. L’ancien château seigneurial, actuellement rénové grâce à l’opiniâtreté de l’association historique locale, fut cédé à la commune en 1875 et son parc progressivement loti. Puis la majeure partie de Villemomble le fut aussi jusqu’aux toutes premières années du XXe siècle. De belles propriétés souvent ornées de céramiques ont été élevées dans les quartiers proches de la gare ainsi que dans les secteurs desservis par celle de Gagny et la ligne de Gargan. La forte urbanisation de Villemomble autour de 1900 par une population aisée correspond à l’époque phare de production des céramiques architecturales décoratives et explique le nombre très important de ces décors sur les façades et les toitures de la ville.
Au travers de ces maisons d’architectes, bien souvent en meulière, on peut admirer toutes les utilisations conventionnelles ou originales du décor céramique, partie intégrante de leurs projets, pour lesquels ferronneries, marquises, boiseries apparentes et céramiques se répondent harmonieusement.
Des décors de toiture variés :

Multiples décors de la Tuilerie de Choisy-le-Roi Gilardoni fils & Cie « Faitières et poinçons ornés » de la Tuilerie de Choisy-le-Roi Gilardoni fils & Cie Faitières ornées, poinçon, tuiles écailles

Poinçons ou pinacles de la Tuilerie de Choisy-le-Roi Gilardoni fils & Cie « Ecusson » des Gdes Tuileries Perrusson & Desfontaines « Garniture d’attique » et métopes de la Gde Tuilerie d’Ivry E. Muller & Cie

« Corbeille » de Garnaud fils Cigogne en épi de faitage « Poinçon et faitières ornées », griffon  d’ E. Muller & Cie « Cheminée ronde à Chimères à double tube » d’A. Brault fils

L’ornement se niche aussi sous l’avant-toit, sous forme de bandeaux, de panneaux, ou d’alignements de petits décors. La pointe du toit peut-être ornementée de motifs de petite taille et l’espace vacant de chaque côté d’une unique fenêtre peut être également garni d’un décor plus ou moins important : jeux de briques, médaillons, panneaux, rosaces…

Petit panneau avec cabochon central Carreaux de grès flammé et décor de briques posées à redents «  Métope à relief et panneaux décoratifs » de Gentil & Bourdet

Assiettes entre les arcatures Petits décors de pointe de toit « Métope » de Gilardoni fils A. Brault & Cie

Bandeau de briques posées à redents et cabochon de Ch. Fourmaintraux & Delassus Médaillons d’après Bouchardon

Métopes de Gilardoni fils & Cie « Figure décorative et cabochon » de Gentil & Bourdet Panneau demi circulaire de H. Guimard et autres décors  réalisés par E. Muller & Cie

L’entourage des ouvertures est diversement traité. Frises et panneaux recouvrent les linteaux métalliques ou prennent place au-dessus, composant un décor où la brique sert souvent d’écrin ; elle se suffit parfois à elle-même lorsqu’elle est émaillée. Une rosace peut aussi s’inscrire dans cet espace. Le dessous de la fenêtre, l’allège, reçoit aussi frise ou panneau. On notera l’adaptabilité des céramistes fournissant des panneaux de tailles différentes correspondant aux mesures variables des ouvertures sur une même maison.

Frises de Gilardoni fils & Cie et carreaux de faïence posés en tapis Panneaux, Faïencerie de Longwy Panneaux de mosaïques, iris

Frise de « pivoines », Faïenceries de Sarreguemines Frise, Hte Boulenger & Cie, et panneau d’applique Frise de « carreaux métopes à dessins », Gentil & Bourdet

Panneaux de tailles adaptées aux ouvertures, E. Muller et Cie Panneaux, Faïencerie de Longwy Frise de Janin frères et Guérineau Frise et métope de Gilardoni fils A. Brault & Cie

Rosace d’E. Muller & Cie Panneau de faïence en allège

Les bandeaux traversant les façades ont principalement un rôle décoratif mais peuvent aussi servir de larmier arrêtant le ruissellement de la pluie ; ils traversent au niveau des fenêtres, entre deux étages ou encore sous l’avant-toit.

Frise « Les arceaux » des Faïenceries de Sarreguemines Métopes et rosaces posées en bandeau, Gilardoni fils A. Brault & Cie Panneaux, Gilardoni fils A. Brault & Cie

Cabochon et frise d’Hte Boulenger & Cie Métopes posées en bandeau, Gilardoni fils A. Brault & Cie Frise d’Hte Boulenger & Cie

Frise posée en bandeau traversant Bandeau formé de carreaux de sol en grès cérame Panneau et frise, Gilardoni fils A. Brault & Cie

Bandeau de carreaux de faïence de Creil & Montereau

On retrouve sur les façades d’autres utilisations de la céramique, de la discrète touche de couleur au panneau de belles dimensions ornant boutiques et vérandas. Les architectes eux-mêmes ont profité de ce matériau lumineux pour y faire inscrire leur nom, celui de la maison ou encore le monogramme du propriétaire. On admirera aussi les nombreux mascarons peints en blanc, les balustres, les consoles, sans pouvoir déterminer s’ils sont en terre cuite imitant la pierre comme on en retrouve sur les catalogues des céramistes de la fin du XIXe siècle, notamment chez Garnaud-Brault-Gilardoni.

Petits décors en céramique Panneau de carreaux de faïence Monogramme et numéro dans la rue

Décor intérieur, Dinamo Montaloups Décor intérieur de boulangerie Grands panneaux décoratifs Panneaux posés en trumeaux, Hte Boulenger & Cie

Panneau portant le nom de la villa, Faïenceries de Sarreguemines Mascarons et pilastre, matière indéterminée

© Ceramique-architecturale.fr – FM
Janvier 2014

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