Je fis ma première balade à Vitry-sur-Seine (Val de Marne) accompagnée par une vitriote à l’œil averti et manifestement sensible aux décors architecturaux. Rencontrée aux Archives municipales de la ville, elle m’accompagna sur le terrain, tout particulièrement entre le centre ancien et la gare.
On retrouve ici le schéma commun à de nombreuses villes où la présence de la gare construite à l’écart du bourg finit par créer un nouveau quartier. En quelques années, que l’on peut situer autour de 1900, l’axe les séparant s’urbanise. A cette même époque, en Ile-de-France et dans les grandes villes, les architectes introduisent de la couleur dans l’ornement des façades. De nombreux immeubles vitriots sont ornés, soit par des jeux de briques dont la pose de deux ou trois couleurs différentes forme un décor, soit par des frises, des panneaux, des rosaces ou métopes en céramique, ou par une composition alliant tous ces ornements. Les pavillons en meulière ou en briques, recèlent aussi quelques belles surprises.
Vitry-sur-Seine occupait une position idéale quant à la fourniture de céramique architecturale. Bordée par Ivry-sur-Seine au nord, où se trouvait la Grande Tuilerie d’Emile Muller, la ville présente plusieurs produits de cette entreprise : le plus bel exemple est la maison aux murs de briques émaillées encadrant de superbes motifs dont un élément de la Frise des lions. Cette reproduction de celle découverte par l’archéologue Dieulefoy lors de sa mission dans le Palais de Suse (1881-1886), semble être l’œuvre du sculpteur Charles-Louis Lesueur qui travailla pour la Grande Tuilerie d’Ivry et fit construire cette maison. La Frise des lions figure au catalogue du fabricant, elle fut reproduite en grès en 1894 pour figurer au Salon annuel des artistes français deux ans plus tard.
La ville est bordée au sud par Choisy-le-Roi, commune qui possédait deux grandes manufactures : la Faïencerie d’Hte Boulenger et la Tuilerie Brault Gilardoni. Hte Boulenger créa aussi la Tuilerie de Vitry-sur-Seine en 1897, au Port à l’Anglais. Lorsque la gare fut reconstruite en 1905, la Compagnie du Chemin de Fer d’Orléans l’orna de carreaux de céramique provenant de cette manufacture, qui a par ailleurs fourni d’autres gares d’Ile-de-France et la plus grande partie du métro parisien d’origine. Pour remporter ce marché, elle créa le carreau toujours actuellement dénommé « métro », rectangulaire aux côtés biseautés, qui en recouvrait les murs ; on le trouve aussi posé en soubassement dans les halls d’immeubles, surmonté d’un tapis de carreaux décoré de frises florales.
La liste des décors présentés ci-dessous n’est pas exhaustive et laisse à chacun le plaisir de la découverte. Survolez les images puis cliquez pour les découvrir !
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