A la fin du XIXe puis au XXe siècle, nombre de communes souhaitèrent donner une note colorée et moderne à leurs nouveaux établissements publics, notamment à leurs écoles. La céramique se prêtait particulièrement bien à ce vœu, non seulement en intérieur pour ses qualités hygiéniques, mais aussi à l’extérieur pour son caractère inusable tant vanté par les céramistes.
Les grandes manufactures de céramique ajoutèrent à leur catalogue les éléments caractéristiques de ces constructions, tels les médaillons et blasons portant la dénomination du lieu, les armes de la ville ou la mention RF (République Française), mais aussi les encadrements d’horloges, voire même le cadran, instrument indissociable des lieux où le respect de l’horaire est primordial. L’horloge permet de régler la vie de l’écolier et des services destinés au public, elle facilite la vie sociale et voisine avec les cloches jusque sur les églises, point de mire des villages d’autrefois. Implantée sur une usine, une gare ou un magasin, elle rythme le travail de l’employé comme l’accès du client. Sa présence en façade annonce tout de suite la particularité d’un lieu, un endroit important, sérieux, solennel.
Elle prend place en hauteur, généralement au sommet de l’édifice, pour être visible de loin et est le plus souvent surmontée d’un petit toit protégeant le plus possible le mécanisme tout en la mettant en valeur. Malgré ces précautions, peu d’entre elles fonctionnent encore. Des cadrans solaires encadrés de céramiques sont parfois repérables, mais en des lieux privés ne nécessitant pas une précision extrême ; ils sont alors moins protégés pour être atteints par les rayons du soleil.
Vers 1900, les horloges en grès émaillé figurent au catalogue de grandes manufactures de terre cuite, notamment Loebnitz, Muller et les Grandes Tuileries de Bourgogne.
Les heures s’égrènent, les années aussi.
Et l’on veut parfois laisser trace de l’année qui vit la construction de l’édifice faisant la fierté du propriétaire, de l’architecte ou de l’entrepreneur. Selon le style de la maison et la région où elle se trouve, la date suit le mode décoratif en usage : elle est simplement gravée dans la pierre ou le bois, peinte au milieu d’un décor, composée en mosaïque ou incluse dans un ornement en céramique. Chiffres romains ou arabes, influences Renaissance, Art Nouveau, mauresque ou plus classique, précédée parfois de la mention latine anno, l’année se présente comme faisant partie du décor.
Les céramistes proposaient des modèles de cartouches ou panneaux d’applique dont le centre était réservé au millésime, inscrit à la demande du maitre d’ouvrage. Ils réalisaient aussi les plaques que les architectes et entrepreneurs apposaient sur la façade, portant leur nom avec la ville où ils exerçaient et parfois l’année de construction. Les peintres sur céramique l’ajoutaient quelquefois près de leur signature au bas d’un panneau décoratif.
L’année peut être inscrite a posteriori et ne pas révéler la date de construction mais commémorer un événement en lien direct avec le lieu, sa propre histoire, ou rappeler un contexte historique que l’on souhaite exposer durablement au regard des générations futures. Ce rappel au passé concerne plutôt les bâtiments publics ou industriels et est généralement accompagné de quelques mots explicatifs.
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Novembre2013