De chaque côté de la fenêtre, Monsieur et Madame s’observent. Sérieux et dignes sur une surface plane ou en bas-relief, ils prennent tout de suite quelque liberté lorsqu’ils sont sculptés ou moulés en ronde-bosse. Ils ont alors une petite tendance coquine à sortir du cadre pour venir taquiner l’autre à quelques mètres d’eux. Mais dans ce cas, satyre ou faunesse malicieux surveille la situation. Il arrive exceptionnellement que l’on regarde ailleurs, chacun à son étage, ou que l’on soit observé par une tierce personne ; c’est alors à notre imagination de tisser l’histoire de ces personnages…
Lorsque ces dames s’observent entre elles, c’est pour nous porter message. Ces allégories nous disent que la maison vit au rythme sans cesse renouvelé des saisons que l’on reconnait aux éléments ornant la coiffure, où le blé de l’été succède aux fleurs printanières, avant que l’automne nous abreuve de raisins, ou nous apporte noisettes et glands, et que l’hiver nous oblige à nous couvrir la tête pour nous protéger des frimas.
Ce sont souvent les femmes que l’on charge de concilier les Sciences et les Arts ; chez Emile Muller & Cie, l’industrie est mise en avant, représentée par un engrenage, tandis que compas et rosace évoquent l’architecture. C’est un juste hommage, puisque c’est grâce à l’industrialisation des moyens de production et de transport des matériaux, mais aussi grâce aux architectes qui ont suscité ce goût pour la céramique, que nous pouvons les admirer.
Ces médaillons posés par deux affichent toujours une complémentarité bien que certains y voient plutôt des oppositions, homme/femme, sciences/arts, instrument de musique/solfège, jeunesse/vieillesse… Le couple enfant ou femme, avec faune ou satyre, au visage pas vraiment engageant, nous interroge sur le sens que le premier propriétaire a donné à son choix, et de ce fait, nous laisse libre de nos interprétations.
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Février 2014